Dès le XIIème siècle, la ville de Riom dispose d’un certain nombre d’institutions en lien avec la santé ou la pauvreté : l’hôtel-Dieu pour la prise en charge des malades, la léproserie qui disparût en 1620, le refuge de St-Jean des Abandonnés et l’hôpital Général.
C’est en 1658 que le refuge et l’hôpital général sont réunis au sein d’un même bâtiment que l’on baptisera 330 années plus tard le Centre Hospitalier « Guy Thomas ».
L’hôpital Général aux XVIIème et XVIIIème siècles : une institution à caractère social
La construction du nouvel hôpital général doit sa création à l’autorisation donnée par Louis XIV dans l’une de ses lettres patentes.
« (…) les habitants de notre Ville de Riom en Auvergne portés par un mouvement de Piété envers les Pauvres, qui sont en grand nombre dans la dite Province, espèrent que par la charité et les biens faits de ceux qui ont du zèle pour la gloire de Dieu : il y aura fond suffisant pour l’établissement et subsistance d’un Hôpital Général en y unissant et joignant l’aumône qui se fait ou doit être faite aux Pauvres par l’Aumônier. »
Cette nécessité de créer un hôpital trouvait sa source dans l’augmentation significative du nombre de Pauvres au cours du XVIème siècle. A cette époque, les administrateurs de l’hôpital dressèrent un état des lieux des mendiants aux portes de l’église pour déterminer ceux qui seraient enfermés dans l’hôpital. Cet enfermement de 52 mendiants était cependant basé sur le volontariat de ces derniers. Les règles de discipline étaient strictes, les manquements au règlement sévèrement punis (restriction alimentaire, cachot, coups de fouet, …).
A partir de 1734, la population accueillie s’étend puisque l’hôpital recueille désormais les enfants abandonnés, rebaptisés « enfants du Domaine ». Ils étaient alors confiés à des nourrices, jusqu’entre 7 et 12 ans, puis ils rejoignaient l’hôpital pour vivre avec les pauvres.
En 1791, 14 personnes composaient le personnel : un prêtre, cinq sœurs, un boulanger, un portier, un meunier, un jardinier et vigneron et quatre servantes.
Durant la révolution, de nombreux changements ont impacté de manière profonde le fonctionnement de l’hôpital. Les taxes perçues par l’hôpital, ainsi que les droits féodaux, dîme et rentes des communautés religieuses ont été perdus, poussant l’institution dans un déficit financier de plus de 9000 livres. Le personnel a été réduit à 9 personnes, les bâtiments n’étaient plus entretenus. Le contexte économique créa une explosion du nombre d’enfants abandonnés, le fonctionnement dut être revu, avec une implication financière plus importante de l’Etat dans la lutte contre la pauvreté. Cependant, les besoins étaient trop importants et la politique prévue ne pût se mettre en place.
Le XIXème siècle : les prémices de l’hôpital, producteur de soins
L’établissement réussit à retrouver l’équilibre financier en 1825, mais restait fragile et les bâtiments menaçaient de s’effondrer. En 1831, l’Hôtel-Dieu qui accueillait les malades, ferme au profit de l’hôpital Général, apportant à celui-ci à la fois des fonds et des malades. Cette décision marque un tournant dans l’activité de l’hôpital : on passe ainsi d’une vocation exclusivement sociale, à la cohabitation du social et du sanitaire, bien qu’à l’époque les connaissances médicales restaient limitées et que la prise en charge s’apparentait plus à de l’accompagnement religieux et social.
Au cours du siècle, deux importantes donations de notables issus de l’ancienne noblesse, permirent de remettre en état les bâtiments et d’en construire de nouveaux. Ainsi les malades civils et militaires furent séparés, et un dortoir pour les sœurs construit. Dès lors, le nombre de militaires soignés à Riom était en moyenne de 250 soldats et officiers par an.
C’est à partir du milieu du XIXème siècle que le caractère médical de la prise en charge se traduit au sein du personnel avec la constitution d’une équipe composée d’un médecin et de deux infirmières. Elle fut étoffée par la suite par un chirurgien et un médecin-chef avec chacun deux adjoints.
En 1838, le préfet confie à l’hôpital, la gestion des aliénés, qui auparavant étaient déplacés de bâtiments en bâtiments. Cet asile, réservé aux femmes du Puy-de-Dôme mais également de l’Allier, de la Haute-Loire, de la Creuse et de la Corrèze, a accueilli presque 200 femmes, de tous âges, en l’espace de 25 ans.
En 1894, l’hôpital comptait 352 lits. A l’époque, la nomenclature des lits se faisait en fonction des critères suivants : civil/militaire, homme/femme, lits d’orphelinat ainsi que 3 lits d’observation. En 1899, la première salle d’opérations de l’hôpital fut créée.
De la tradition à la modernité du XXème siècle
Au début du siècle, M. Clémentel, conseiller municipal, se consacre aux travaux d’hygiène de la ville (eau potable, égout), et dans ce cadre, il se penche sur la réorganisation de l’hôpital à la fois d’un point de vue médical et financier. Ainsi, le budget municipal consacré à l’hôpital augmenta de plus de 85% en 30 ans.
Dans les années 1930, l’équilibre financier est mis à mal. Monsieur Etienne Clémentel confie donc à son épouse la recherche de moyens financiers pour l’hôpital. Ainsi s’organisèrent des ventes de charité, d’œuvres artistiques, une loterie, qui connurent un franc succès, si bien qu’entre 1926 et 1934, les montants récoltés furent supérieurs à 1 510 000F. Pour l’ensemble de son dévouement, Madame Clémentel deviendra membre du conseil d’Administration en 1929 et recevra la Croix de la Légion d’Honneur en 1934. Ces sommes ont contribué au fonctionnement global de l’hôpital, et à un nombre important de travaux et d’amélioration au sein de l’hôpital : la mise en place du chauffage central et de sanitaires à chaque service, la réfection des salles militaires (1931), création de locaux pour les enfants contagieux, réfection de la plupart des services et surtout la construction de la maternité en 1934.
Extrait du compte rendu du Conseil d’Administration de juin 1934 : « Ainsi en moins de dix ans, la situation de l’Hôpital a cessé d’être inquiétante : la prospérité est revenue plus grande que jamais grâce à la générosité inlassable de M. et Mme Clémentel. Aidés de l’expérience et du dévouement non moins inlassable du Dr E. Grasset qui depuis 43 ans n’a cessé de franchir chaque jour le seuil de l’Hôpital pour y servir avec le dévouement le plus désintéressé la cause des pauvres et des déshérités, ils ont attaché indissolublement leur nom à cette vieille maison, par eux aujourd’hui modernisée et enrichie de services nouveaux. (…) ».
Le milieu du XXème siècle est un tournant pour l’ensemble du monde hospitalier avec une amélioration exponentielle des connaissances médicales, et des progrès techniques sans précédent. Des progrès auxquels l’hôpital de Riom ne dérogera pas. En 1954 est inauguré un nouveau service de radiologie géré par le Docteur Felgeyrolles, qui indiquait à l’époque à la presse qu’ « il y a peu de villes de l’importance de Riom qui soient aussi bien outillées sur le plan radio. Nous sommes particulièrement bien placés dans la région et je ne peux que me réjouir des décisions de la Commission administrative tendant à pousser encore l’extension du Bloc chirurgie-radio de l’hôpital ».
L’activité croit rapidement, plusieurs caps sont franchis par la structure dans les années 1960: le personnel dépasse les 100 agents, plus de 500 lits sont installés, la maternité enregistre plus de 500 naissances annuelles, le bâtiment central est restauré, et enfin en 1968, la maison de retraite « Les Jardins » est construite pour loger les personnes âgées.
L’année 1978 est à double titre, une année de changements pour l’hôpital, avec d’une part la création d’un laboratoire attenant à l’hôpital et d’autre part la fin de la présence dans l’établissement des religieuses de la compagnie des filles de la charité qui pour la plupart étaient présentes depuis 15 à 25 ans.
En 1982, l’hôpital est rebaptisé Centre Hospitalier « Guy Thomas » du nom d’un médecin qui fut responsable du service de chirurgie, puis maire de la ville. Entre les années 1980 et 2000, le Centre Hospitalier n’a cessé de se moderniser et d’accroitre son activité. Les différentes spécialités de chirurgie se sont développées (orthopédie, traumatologie, digestive, vasculaire, gynécologique, ORL, ophtalmologique, microchirurgicale, …), le nombre de lits s’est accru, les progrès technologiques ont été nombreux, (par exemple, l’acquisition du premier scanographe en 1991), et le nombre d’agents, multiplié par 7 en 40 ans.
Le mouvement de diversification des activités laisse place, depuis une dizaine d’année à une volonté de spécialisation du Centre hospitalier sur fond de coopération avec les établissements du nord clermontois. Les activités de médecine se resserrent autour de la médecine générale, cardiologique et gériatrique. La chirurgie s’oriente sur les spécialités en orthopédie et en viscérale, privilégiant la prise en charge ambulatoire.